Ambassadeurs Nutri-Bay @ XTERRA MAUI - Récits de course et photos Yannick Antoine : Vice Champion du monde M40-44

L'envie de revenir ici disputer les Championnats du monde Xterra pour ma dernière année en catégorie M40 était grande. Les vacances de Toussaint tombant après la course c'était l'occasion de refaire un voyage en famille. Il fallait avant tout se qualifier.
Xterra Grèce, première possibilité, je crève et suis forcé à l'abandon après seulement 7km de VTT. Une occasion manquée...
Xterra Belgium. Je ne laisse rien au hasard, je prépare cette course en allant repérer les parcours, et tout en intégrant des séances Ironman (Klagenfurt tombe 3 semaines après). Deuxième en 2016, j'espère aussi bien sinon mieux. Je termine à nouveau deuxième, et en descendant du podium je sais que la qualif est acquise.
Ironman Klagenfurt (Autriche): j'y vais pour battre mon chrono sur Ironman, pas pour un slot. Du changement professionnel est prévu à l'automne et il serait difficile de combiner cela avec l'entraînement et un long séjour dans le Pacifique pour deux courses. Mais dans l'euphorie d'une bonne course (9h19) où je me classe 5ème M40, Michèle me dit de prendre la qualification pour Kona. J'envisage alors de revenir en Belgique entre les deux courses pour travailler une semaine et d'avancer ma date de démarrage dans le nouveau job au 15/09 (donc un mois avant Kona) en me disant que les dernières semaines avant le départ seront difficiles à combiner (famille, nouveau boulot, entrainement), et la performance dans les deux courses sans doute aléatoire. Vérification faite avec mon nouvel employeur, c'est jouable. Let's go, je fais le doublé, plus pour le challenge que cela représente que pour viser quelque chose de précis au niveau classement ou chrono.

Samedi 14/10 - Ironman Kona. Je ne reviendrai pas sur la course, c'était bien trooooop long (ce post est déjà bien assez long comme ça 😁). Certes mon entraînement après le 15/09 été diminué de 40-50% par rapport à un entraînement habituel en vue d'un Ironman, mais j'ai l'impression d'être plus frais. Je n'ai plus rien à prouver ici, alors je décide de "risquer": prendre des risques pour essayer de faire mieux, en acceptant aussi de faire moins bien. La suite on la connaît 😜. Même si la contre-performance est de taille je ne cherche pas d'excuse et j'ai vécu une nouvelle expérience sur Ironman, avec des "sensations" nouvelles. Je rentre à moitié déçu, mais l'optimiste en moi est à moitié satisfait d'avoir terminé. Maui commence ici...

Dimanche 15/10: récupération avec les dauphins 😳🐬. Emballage du vélo, Awards Ceremony et je reprends l'avion le soir-même.

Lundi-mardi: voyage retour avec un petit détour par Los Angeles et Universal Studios 😎

Mercredi matin je suis au boulot 🤓. La récupération est ... correcte. Fatigue du voyage (je lutte en milieu d'après-midi) mais j'ai fait une grosse partie de la course à Kona en endurance et la casse musculaire suite à la déshydratation, au marathon et aux crampes est là mais finalement la fatigue globale est moindre qu'après un Ironman en "mode course". Quelques séances très courtes et légères, et une bonne sortie VTT le samedi suivi d'une sortie trail avec Geoffray et Stéphane le dimanche me rassurent. Certes ce n'est pas la prépa idéale, mais je suis capable de pousser dans les bosses et de monter en intensité...

Lundi-mardi: boulot, j'ai digéré le décalage horaire. Préparation de l'autre vélo, des bagages, etc.

Mercredi, c'est reparti! 3 avions et de nouveau 12h de décalage plus tard, on arrive mercredi soir à Maui.

Jeudi: repérage du parcours VTT après un peu de mécanique (le câble du lockout a été endommagé dans le voyage). Seule la partie basse du parcours est ouverte (5 premiers et 7 derniers km), la partie haute est trop boueuse (encore plus que l'an passé). Ça m'embête car on est à J-3 et il sera impossible de faire uniquement la partie haute, encore moins de refaire tout le parcours à J-2 ou J-1, ce serait trop fatiguant. Les côtes sont trop raides pour pouvoir les monter cool et il faut maintenant faire du jus pour la course.

Vendredi-samedi: plages, test des vagues (elles sont juste énormes cette année!!!) et dernier déblocage. Le site xterraplanet me classe parmi les 5-6 favoris dans ma catégorie (sur 85, le groupe d'âge 40-44 étant le plus représenté), et donc la Presse luxembourgeoise aussi 😄. Petit coup de pression, mais je mentirais si ne ne pensais pas aussi que le podium et peut-être même la victoire est jouable, en tous cas sur papier, mais une course, et d'autant plus un Xterra, ça ne se court pas sur papier!

Dimanche 28/10: Jour de course. Petit dej' pâtes-jambon à 6h du mat' (pas l'habitude mais j'ai -encore- foiré mon Gatosport la veille... no comment 🤐🤣).

On y est! Le circuit a séché, les vagues sont plus faibles, la course sera complètement différente de l'an dernier, c'est sûr! Est-ce à mon avantage? Aucune idée... je continue de penser que mon classement 2016 est aussi dû à une bonne gestion de la difficulté et de la longueur inhabituelle de l'épreuve. Il fallait être endurant et résistant, pousser, nettoyer le vélo régulièrement et éviter les ennuis techniques et les chutes, ce que j'avais réussi à faire. Cette année il faudra être rapide.

Départ natation: pour une fois je me place à l'intérieur, au plus court! Je me dis qu'il y aura de la bagarre mais il faut essayer et il
me semble que le gros du peloton des 40-49 ans (ma vague de départ) est plus à l'extérieur. Je pars bien, vite, sous les grosses vagues puis les sensations sont bonnes. Je suis dans un pack, pas à la ramasse comme parfois. Sortie à l'australienne, deuxième boucle, puis je sors en 25' environ, 4' de mieux que l'an dernier et David m'annonce 16ème dans ma catégorie. Avec le départ par vagues ça me classe 209ème scratch mais il y a en réalité 350-400 coureurs déjà sortis de l'eau (avec ceux partis 3' plus tôt) et qui seront devant moi sur le parcours ☹️.

C'est parti pour le Vtt. Même stratégie qu'en 2016: pousser fort pour avaler le gros du dénivelé sur les 12 premiers km en remontant un maximum le peloton. L'an dernier il "suffisait" parfois de passer sur le vélo là où d'autres marchaient, mais cette année tout le monde roule et donc... ça bouchonne. Il faut en permanence gérer le moment où dépasser et le surplus d'effort car il faut passer vite avant le prochain rétrécissement ou passage technique. Par moments je reste derrière un petit groupe en attente sans pouvoir dépasser et c'est frustrant. Les jambes répondent mais je suis moins "tranchant" que l'an dernier, je le sens bien. Arrivé sur la partie haute du circuit que je n'ai pas repéré, je commet quelques petites erreurs: freinage trop appuyé, mauvais choix de trajectoire. Je me souviens du parcours mais ça ne me dit pas à l'avance où mettre la roue. Je perds un peu de temps. Un chassé-croisé se met en place avec quelques coureurs de ma catégorie mais je parviens à prendre le dessus et à creuser chaque fois un écart. Sur les 5 derniers km, le pilotage redevient primordial. Ça se passe bien si ce n'est un début de crampes aux adducteurs et ischios. Je dois laisser revenir sur moi puis me dépasser 2 coureurs de ma caté dans les derniers lacets avant de rentrer au parc. Le VTT est passé vite et j'ai pris beaucoup de plaisir mais je sais que mon classement est moins bon que l'an dernier (j'étais déjà 3ème après le VTT en 2016).

En effet, Michèle puis David confirment que je suis 6ème dès le début du trail, même si il y a 3-4 coureurs à moins de 2' environ. À ce moment, je n'y crois plus trop, je me dis que je peux essayer de garder un top10, éventuellement aller chercher un top5 si ça craque devant. Je me fais dépasser par 2-3 coureurs. J'ai les jambes en bois, des débuts de crampes et il faut attaquer 350m de D+ (l'équivalent du trail de Tintigny 😉) sur les 4,5 premiers km... J'ai pris une bouteille à main pour courir car je sais qu'il va faire chaud et que les ravitos arriveront lentement. Ça me permet de m'hydrater souvent. Je profite des rares et courtes parties plates ou descendantes pour retrouver une foulée correcte. Après 2km, je redépasse des gars, les jambes reviennent un peu. Personne dans ma catégorie... je continue à pousser à la limite de ce que mes muscles admettent. Km 3, km 4 toujours personne... enfin à proximité du sommet je reprends un mexicain qui m'a dépassé sur la fin du vélo. Je suis dans le top5 et le circuit redevient favorable avec plus de parties roulantes où je peux relancer avec des jambes un peu retrouvées. Sur les 2 km suivants je vais passer 4, 3 puis deuxième (d'après mes calculs). Je gère maintenant les crampes mais dans la partie que je préfère: longue descentes techniques, virages, relances, arbres à sauter, ruisseau, etc. J'ai derrière moi un 25-30ans qui ne me lâche pas et me "pousse". Je ne sais pas où est le premier de ma catégorie, sans doute loin, mais je continue à pousser et à remonter des coureurs d'autres catégories et pour éviter un retour éventuel. Au final je ne reverrai pas le premier et personne ne revient mais je finis la course en ayant tout donné! Derniers mètres sur la plage puis dans l'herbe, David, Florence, Michèle, Maëlle et Julian sont là pour m'encourager. Eux non plus n'y croyaient pas en me voyant partir sur le trail, mais heureusement pour moi j'ai essayé jusqu'au bout sans rien lâcher et ça a payé.
Le premier me met 9' à VTT. Il est champion du Brésil de Cross country et de Marathon VTT, et était hors de portée, même si je lui reprends 3' sur le trail.
Voilà qui clôture la saison de triathlon sur une note positive. Pour l'anecdote, je suis 10ème (sur 30) au classement du doublé Kona-Maui et 1er (sur ... 2 😄) dans ma catégorie. Je fais le meilleur temps à Maui que les deux premiers du doublé qui tournaient autour de 9h40 à Kona.

Merci à tous pour les encouragements avant, le suivi pendant et les félicitations après la course. Merci tout particulier à ma famille présente sur place, je me dis que ça a dû aussi jouer dans le succès de cette deuxième partie.
A très bientôt sur une course, pour partager un entraînement, un stage ou ... une Rulles. Mahalo!